Je n’ai voté qu’une seule fois dans ma vie, au moment où j’ai atteint ma majorité. Fier de moi, n’empêche avec une certaine appréhension, je m’étais rendu au bureau de vote et j’ai glissé noblement mon bulletin dans l’urne. J’étais heureux d’avoir accompli mon devoir. Et puis, je n’y suis plus jamais retourné. Par flemme, par dépit ou peut-être davantage par indifférence.
Je vois bien ce que vous vous dites en ce moment-même. Rassurez-vous. Je sais que voter est un droit, un devoir même. Je comprends parfaitement mon idiotie devant le fait de ne pas voter. Je sais que j’ai de la chance de pouvoir voter alors que d’autres n’ont pas ce droit. Je suis conscient qu’il est important de voter, que chaque voix compte.
Mais… Cette fuite, cette lâcheté, est probablement le reflet d’un désespoir, d’un dépit pour la chose politique. Je n’ai jamais été attiré par elle et je n’ai donc jamais succombé à son charme, pourtant ravageur.
Au fond, j’ai du mal à croire que ma voix compte vraiment. J’ai du mal à croire que je suis capable, à travers un vote, de participer à un quelconque changement. Car des possibilités, des alternatives… il faut se rendre à l’évidence, il n’y en a pas vraiment. Je ne parle pas de couleurs politiques, mais d’une réelle vision, une réelle conviction, une promesse ambitieuse. Voilà le cancer qui alimente ma flemme de voter, mon désespoir.
Est-ce une question de génération ? Sans doute. Car dans mon entourage proche, c’est le même tableau. Est-ce la génération des politiciens qui est incompatible avec la notre ? Possible. Sauf que beaucoup de jeunes restent, néanmoins, très impliqués dans la chose politique.
Qu’est-ce donc alors ? Aucune idée !
Mais, même si je n’ai pas de réponse à cette question, je garde espoir. Je me dis que, peut-être, un jour, j’aurai le déclic. Grâce à une vision qui me séduira, à laquelle j’adhérerai et qui me donnera envie, enfin, de me bouger et d’aller voter. Rien n’est perdu.