LUI
La chambre est silencieuse, sombre avec une pesante odeur de cigarette. Il n’y a qu’un rayon de lumière qui transperce le vieux rideau. Putain, que c’est glauque ici ! Mais je m‘y suis résolu, cet atmosphère n’est que le reflet de ma pitoyable vie…
J’ai besoin de compagnie, mon salut viendra de mon téléphone… si je retrouve ce putain de téléphone.
Ça y est. Je cherche son nom dans le répertoire. C’est pathétique ! Je ne connais même pas son numéro par coeur. Et le texto pars…
– Moi : Tu viens ?
– Elle : Quoi, tout de suite là ?
– Moi : Pourquoi pas ?
– Elle : OK ! Donne-moi une heure
– Moi : OK
Heureusement qu’elle a dit oui. Après avoir tenté de ranger le lit, je m’installe dans le canapé du salon. C’est pour la voir arriver et ainsi fantasmer une dernière fois sur elle avant de la consommer.
Elle est à l’heure. Je la vois arriver au loin. Comme d’habitude, elle est simple, naturelle, excitante. Comme un molosse qui bave devant son os, je ne la lâche pas du regard.
Elle arrive à la porte. Elle se tient debout. Elle hésite ? C’est excitant, car elle ne voit pas que je l’épie. J’attends qu’elle frappe avant de lui ouvrir.
– Elle : Salut
– Moi : Ça va ? Entre…
Instinctivement on se dirige vers la chambre, et on s’installe sur le lit. Son odeur m’excite. La sueur qui perle sur sa nuque m’excite. Bref, tout m’excite chez elle. Je l’embrasse et commence à enlever ses vêtements. La vue de son corps m’excite encore plus.
Mon corps recouvert de sueur se détache du sien. Je me retire d’elle. Elle sort du lit et se dirige vers la salle de bain. Elle se rhabille, me fais un bisou sur la joue droite…
– Elle : On s’appelle !
– Moi : Ouais !
Et elle s’en va.
J’aime qu’elle parte tout de suite. Au moins, elle, elle comprend que ne n’avais besoin d’elle que pour le sexe.
Ah.. je me sens mieux.
ELLE
Il fait beau. Je vais profiter de ce jour de repos pour m’occuper de moi, pour oublier un peu la pression du boulot.
Le téléphone vibre. Ah, un texto de lui ! Ça fait des semaines que je n’ai pas eu de ses nouvelles.
Il veut que je vienne… maintenant. Je peux y être dans une heure. J’ai trop hâte d’être avec lui. Tanpis pour ma journée de repos.
Je distingue sa silhouette derrière la porte, mais il ne m’ouvre pas. Pourquoi fait-il toujours ça ? Je frappe.
Je me sens bien à ses côtés. Il me rassure. J’adore quand il me regarde avec autant de désir. Qu’est-ce que t’attends ? Je sais ce que tu veux. Ah… enfin, il m’embrasse.
J’adore la façon dont il me fixe quand on fait l’amour. La manière dont ses mains m’effleure le corps, les petits mots qu’il me chuchotte à l’oreille, les contours de son corps, sa douceur. Je me sens tellement bien dans ses draps. Je l’aime. Je l’aime comme une folle… mais ce n’est pas réciproque.
Dès qu’il se retire de moi, je file vite à la salle de bain pour qu‘il ne voit pas mes larmes. Je souffre de cette non réciprocité amoureuse.
J’essuie mes larmes, me rhabille, lui fait un bisou sur la joue et m’en vais en disant simplement un « on s’appelle ». C’est con, mais on ne se parle jamais au téléphone. C’est toujours que des textos.
Une fois le seuil de la porte franchi, je laisse couler, à nouveau, mes larmes. C’est toujours comme ça. Je suis pathétique.
Oui, je l’aime. J’en suis folle amoureuse. Je n’ai jamais aimé comme ça avant. Mais pour lui je ne suis qu’un plan cul. Je suis pitoyable.
Notre relation ne se limite qu’a des parties de jambes en l’air. On ne se parle pas. Il ne sait rien de ma vie et moi rien de la sienne. Ça ne l’intéresse visiblement pas. Je fais pitié.
Mes copines me le disent souvent : « Tu te fais du mal. Arrête de le voir. Tu n’es qu‘un plan cul pour lui ! ». Je sais bien… mais, je préfère l’avoir de temps en temps, pendant quelques minutes, que ne rien obtenir de lui.
Encore une fois, je vais mettre des jours avant de sortir de cette cruelle mélancolie. J’enrage, car tout ce qu’il veut de moi c’est mon corps. J’suis trop conne de toujours craquer… tout ça parce que je l’aime !
En acceptant tout ça de lui, je m’interdis d’être heureuse.
Je ne vais pas bien…